vendredi 12 mai 2017

#MacronLeaks et ESR, chronique d’un rendez-vous manqué




J’ai donc lu les #Macronleaks, du moins en partie, sur l’enseignement supérieur et la recherche. Avec toute la relativité liée à l'origine et à la nature très parcellaire des informations révélées, cette lecture suscite plusieurs remarques. Sur les réserves que l'on peut avoir à propos de documents piratés, peut-être partiellement faux, et sur leur instrumentalisation par la fachosphère, je vous renvoie à l'article de Libé. Sur le fond, on n'y apprend rien et tout. Rien, parce que, dans leurs grandes lignes, nous connaissons déjà par cœur les méthodes, les acteurs et le projet, les mêmes depuis des années. Je vous renvoie là aussi aux chroniques publiées sur ce blog ou sur ceux d’autres collègues, Groupe JP Vernant, Histoire d’universités ou RogueESR pour comprendre l’échec prévisible de cette réforme. Tout, parce que la politique s’y expose sans fard, dépouillée de la compol, de la novlangue et du « storytelling». Elle y acquiert une franchise, une sincérité qui peut scandaliser ou susciter la réflexion.


Transparence




Oui, en toute franchise, pour Emmanuel Macron et son équipe l’enseignement supérieur, c’est le lycée du 21ème siècle, avant qu’ils ne se sentent obligés de supprimer la phrase car elle pourrait vexer certains acteurs de l’ESR. Oui, afin d’éviter la confrontation, la consigne est, Ne pas dire: suppression du CNU. Dire: On autorise les universités qui le souhaitent à recruter et à promouvoir selon des procédures aux standards internationaux, sans passer par le CNU. Eh oui, débarrassé de la novlangue, un conseiller considère que  la distinction ne devrait donc plus séparer écoles, instituts, grands établissements et universités mais universités sélectives et non sélectives, avant qu’il soit décidé par l’équipe d’avancer masqués en procédant par modifications successives afin d’empêcher la constitution d’une opposition structurée.



Mais on se prend à rêver, à être « disruptif » : et si, justement, on débattait de ces questions au lieu de les dissimuler maladroitement ? Après 10 ans de propagande où le mot « autonomie » signifie mise sous tutelle, « excellence » intérêt des copains et « ouverture sur la société civile » prise de contrôle des universités par les régions et les lobbys, personne n’est dupe de ces formules creuses alignées dans les programmes. L’effort devrait être partagé entre l’homme politique qui doit assumer de dire que pour lui l’enseignement supérieur est le lycée du 21ème siècle et nous, citoyens, universitaires, qui devons également accepter d’en débattre sans s’offusquer a priori. Un dialogue remplacerait le jeu de rôles et la politique retrouverait la sincérité qui lui manque. Même si la phrase a disparu, pour Emmanuel Macron l’université reste le lycée du 21ème siècle et son projet l’exprime, mais de façon hypocrite. Et s’il avait raison ? Si l’enseignement supérieur jouait aujourd’hui le rôle d’ascenseur social et d’accès à l’emploi que le lycée avait au 20ème siècle et qu’il a peut-être perdu avec les 80% d’une classe d’âge au baccalauréat ? C’est un vrai et passionnant débat que nous pourrions avoir.



Cette transparence, d’ailleurs, ne joue pas nécessairement en défaveur du candidat et des équipes En Marche. Leur sens politique impressionne, on les découvre soucieux de l’intérêt général et d’une probité qui les honore. Il y a un vrai projet de société et une stratégie pour le réaliser. L’organisation, constituée de 4 à 6 cercles concentriques « en mode startup » est très réactive et d’une efficacité redoutable pour agir selon les directives du candidat. Le projet sur l’enseignement supérieur va être construit en quelques mois, entre octobre 2016 et février 2017 et 5 versions vont suffire pour aboutir au document final. Ceux qui ont déjà participé à la rédaction d’un programme politique ou d’un projet scientifique apprécieront l’exploit.

Cette transparence oblige aussi à revenir sur des a priori que l’on pouvait avoir. J’étais persuadé de trouver un Emmanuel Macron obsédé par les transferts vers l’industrie et le privé ; j’ai découvert un candidat préoccupé par la formation des jeunes et leur employabilité, presque indifférent à la recherche au point d’inquiéter certains lobbyistes tout entiers tournés vers le business des partenariats avec le privé. Les Investissements d’avenir et autres IDEX dans lesquels Sarkozy et Hollande ont dépensé des fortunes en pure perte sont tellement éloignés des préoccupations d’En Marche, que c’est au moment de la validation du document final que l’équipe réalise qu’elle n’en parle presque pas. Il y a pourtant un conseiller qui connaît bien le CGI parmi les rédacteurs ! J’étais persuadé qu’Aghion poussait sur l’augmentation des droits d’inscription, sa position apparaît beaucoup plus nuancée quand les conseillers proches de l’Institut Montaigne et de Terra Nova envisagent de porter les droits d’inscription à 4000€. C’est finalement un arbitrage politique qui est donné par Emmanuel Macron. Il ne veut pas d’une augmentation des droits d’inscription, donc sujet tranché, annonce-t-on, sauf pour les non-résidents communautaires, qui ne contribuent pas par leurs impôts et dont les pays n’offrent pas de réciprocité. On ne saura pas s’il s’agit d’une décision de conviction ou de raison pour ne pas s’aliéner certains syndicats étudiants dont le soutien est attendu pour faire passer le reste de la réforme. Mais, en tout, cas, le point de vue peut là encore faire l’objet d’un débat intéressant.

Les ratés du mode Startup


La contrepartie de la transparence c’est qu’elle met aussi en évidence les défauts du nouveau président et de son équipe. Les documents sur l’ESR – ou sur la santé – tordent le cou au storytelling ripoliné qui prétend que le programme est construit par les marcheurs dans un processus démocratique : moins de 10 personnes ont participé à l’écriture du programme ESR, une seule a rédigé quasiment toute la partie Recherche, une autre dizaine de happy few prestigieux a été consultée pour avis sur tel ou tel point.

Comme beaucoup de mouvements politiques, En marche souffre de ce que j’appelle le syndrome du fonds de commerce. Le programme ne traduit pas toujours un engagement, mais une concurrence, la volonté de capter la « clientèle » de l’autre… ou de ne pas se faire prendre la sienne. Un rédacteur déclare, si c’est du Hamon sans fric et avec un peu plus d’autonomie mais pas autant que chez Fillon, ça ne va pas faire rêver. Il faut donc se différencier et attirer le chaland. Et l’adversaire n’est pas celui dont le projet s’oppose au vôtre, mais celui dont le projet se rapproche du vôtre car il est votre concurrent. On parle peu de Marine le Pen dans les documents que j’ai consultés et beaucoup plus de Benoît Hamon ou même de François Fillon.

Mais le principal défaut est une conséquence du fonctionnement en mode startup : la réflexion est superficielle. L’équipe avance vite, mais réfléchit en avançant… et parfois pas du tout. Je n’ai pas tout lu et cette impression peut être liée au thème analysé. La question de l’hôpital et de la restructuration des CHU, par exemple, paraît beaucoup plus aboutie et les propositions beaucoup plus audacieuses et pertinentes. Les conseillers y notent la fatigue de la réforme, un sentiment de perte de sens et de valeurs et envisagent même pour plus d'efficacité de sortir du champ du code des marchés publics!  Dans l'ESR nous aurions aimé que le même diagnostic soit posé!

Sur l’ESR justement, il y a une volonté de s’approprier le dossier, d’en faire un enjeu avec des annonces fortes dès la prise de fonction. Une somme de 4 milliards, ramenée à 2 milliards, est évoquée, mais son financement n’est pas totalement assuré ce qui reposera la question de l’emprunt et des droits d’inscription. Il y a néanmoins une mesure phare: le transfert d'une partie des crédits de la formation professionnelle vers l'enseignement supérieur public (750 à 800 Millions). C'est une très bonne chose, mais cela va faire des vagues. Pour le reste, la direction d’En Marche ne connaît rien à l’ESR et la brillante équipe, ENA, ENS, X est victime de son entre-soi.

La plume normalienne a des intuitions intéressantes quand elle s’interroge sur la perte d’attractivité que peut susciter une augmentation des droits d’inscription pour les étudiants étrangers, mais sa connaissance de l’ESR est le produit d’une boulimie de synthèses de rapports déconnectée de toute réalité. Si elle avait pensé à intégrer les taux de réussite dans sa réflexion! Doctus cum libro, elle échoue finalement à comprendre les défis de l’international et s’égare sur de mauvaises voies.

J’ai dit que la question des droits d’inscription faisait l’objet d’un vif débat mais là aussi, l’équipe n’est pas capable de comprendre les enjeux. Personne n’a conscience de l’hétérogénéité du nombre de boursiers par filière et par établissement. Or c’est un point capital : les universités les plus en difficulté et les filières les moins financées sont bien souvent aussi celles qui accueillent le plus grand nombre de boursiers au taux le plus élevé. Ceux-là ne paieront pas et sans système de péréquation on renforcera les inégalités au lieu de les atténuer. Personne n’est là pour l’expliquer au candidat. D’ailleurs, comme pour les IDEX, la question des bourses n’est pas débattue par les rédacteurs. C’est dans les derniers jours que la plume fait remarquer qu’on ne parle pas des bourses, se demandant s’il y a un arbitrage à ce sujet et si on ne fait rien pour revaloriser les bourses ou pour les bourses au mérite…

Mauvais casting


C’est là que les experts du programme ESR devaient aider, c’est le contraire qui se produit. Ils constituent le dernier cercle, le plus éloigné du candidat. Comment ont-ils été choisis ? Le résultat est caricatural. Il y a ces quelques personnalités qui donnent leur avis comme la Pythie à Delphes ou une diseuse de bonne aventure à Pigalle. Au final il n’en reste pas grand-chose tant ces oracles modernes ont oublié la leçon que connaissent tous les marabouts : prédire à celui qui s’interroge ce qu’il veut entendre. Il y a les notables qui se croient et laissent croire qu’ils sont faiseurs de rois alors qu’ils se révèlent courtisans et valets portant les plis. « Et maintenant Blaze, flattez-moi ». Le discours d’Emmanuel Macron ? Ils n’ont rien entendu de si fort depuis 2007. La personne d’Emmanuel Macron ? Un sage, malgré son âge… la flagornerie comme viatique. Il y a le haut fonctionnaire honoraire et le professeur émérite qui pérorent sur le SUP depuis 30 ans, calent un rendez-vous avec Jean-Luc Mélenchon en finalisant le programme d’Emmanuel Macron et rejettent sur les autres, avec une déconcertante facilité, la responsabilité des échecs des réformes qu’ils avaient engagées par le passé. Avec eux on remonte à Jack Lang et Claude Allègre et peut-être même font-ils tourner les guéridons pour interroger l’esprit d’Edgar Faure.

On est frappé par un constat : l’absence d’institutions. On croyait trouver la CPU, la CURIF, le CNRS, la CGE, Terra-Nova, la Fondation Jaurès, l’institut Montaigne, le groupe « Marc Bloch » ou d’autres officines… on voit Pierre, Paul, Jacques, membres du CGI, de l’institut Montaigne ou de Terra-Nova. Effet pervers du mode start-up, ce sont des individus qui donnent leur point de vue, les institutions n’étant que des outils de légitimation de ces individus. Ce n’est pas le CGI ou l’institut Montaigne qui se saisit du SUP, mais Jean qui donne son avis parce qu’il est membre de l’institut Montaigne, de Terra Nova ou du CGI. Les institutions ne sont plus qu’une ligne dans un CV pour des individus qui font profession de conseiller les puissants.

Les avis sont tranchés, il y en a même certains que je ne renierais pas ! Les Moocs ? Il manque tout de même un modèle économique. La plateforme Fun ? Clairement en-deçà de ce qu’il serait souhaitable de faire. L’Agence Universitaire de la Francophonie ? Une utilité très très relative. Campus France ? C’est mieux mais ce n’est pas ça qui va nous placer dans le grand jeu mondial.

Au lieu d’aider le candidat à poser un diagnostic sur l’ESR et à imaginer de nouvelles solutions, l’obsession de ces conseillers va être de promouvoir leur modèle : faire deux sortes d’université, les « bonnes », celles dont ils ont la charge ou avec lesquelles ils travaillent et les autres. Les « bonnes » deviendront des Grands Établissements dotés de moyens importants, sélectionnant leurs étudiants, négociant directement avec Bercy leur financement, recourant à l’emprunt et se livrant une concurrence acharnée pour attirer les meilleurs profs (silence remarquable vous noterez sur la recherche). Les autres se débrouilleront. Ils croient survivre en drainant à eux l’essentiel des moyens mais ne réalisent pas que dans un marigot il y a toujours des crocodiles plus gros. Chez En Marche ces crocodiles sont les Grandes Écoles. Pas « l’enseignement consulaire », qui n’est évoqué qu’une fois pour dire qu’il faudrait y penser, pas les écoles d’ingénieurs, pas les IUT dont le sort est scellé. Chez En Marche où les Humanités dominent, les Grandes Écoles c’est Sciences Po et Normal Sup, peut-être Polytechnique, Centrale ou les Mines. C’est elles qui deviendront ces universités d’excellence à visibilité mondiale.

Mais ça les universitaires courtisans sont incapables de le voir, aveuglés  par leur vanité. On croit parfois revivre la fable du bœuf et de la grenouille. L’un d’eux déclare, définitif, que France Alumni évidemment c’est un échec : on est dans un univers de compétition où je n’ai aucune envie de partager mes alumni avec ceux de mes petits camarades. Tout est dit et il n'a rien compris. L’enjeu ce n’est pas le rayonnement de l’ESR français, c’est sa fac, nécessairement  « d’Excellence » puisqu'il y est, et bien meilleure que celle de son camarade. Sa fac pourtant si petite et invisible à l’international, sans histoire ni identité, perdue dans les ranking. Il parle de compétition mondiale, mais ce n’est ni avec Harvard, Oxford, l’EPFL ou Tsinghua qu’il va rivaliser. C’est avec sa voisine sur les bords de la Seine ou de la Garonne. L’issue, nous la connaissons, c’est Saclay, son champ de ruines et ses milliards dilapidés.

L’équipe du candidat prend d’ailleurs conscience de la faiblesse de l’analyse. Le jugement est sévère et j’ai imaginé la tête de ces conseillers prétentieux découvrant dans ces documents ce que la garde rapprochée d’Emmanuel Macron pense de leur travail. Une liste courte de vieux pieux. Lapsus ?

En urgence il faut ravauder le programme sans froisser les susceptibilités. On a le sourire commercial et l'enthousiasme d'un GO chez En Marche. Les sherpas mettent toute leur énergie à donner un peu de souffle et de cohérence à ce galimatias. Mais il est trop tard pour réfléchir et le nouveau président manque son rendez-vous avec l’ESR. Ses 2 milliards et ses intuitions sombreront comme les milliards des IDEX, de Saclay et de tous ces investissements d’avenir. Est-il encore temps ? Non, car le programme fonctionne comme un piège. Une fois validé et publié, il permet aux lobbyistes de faire valoir leurs intérêts et d’avancer leurs pions. Par défaut, ils seront de nouveaux conseillers, présidents des futurs grands établissements, ministres même peut-être. Le mal est fait.

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Merci pour les deux textes et la lucidité qui les caractérise. Reste la question de Vladimir Ilitch en ce qui nous concerne nous les éléments RH de l'ESR ?

    Il est regrettable de constater qu'aucune mobilisation efficace n'est plus possible malgré les initiatives comme Rogues et autres. La contestation sur de vieux schémas syndicaux arrange bien le ministère car elle n'est plus crédible auprès des Enseignants-Chercheurs (EC). Les syndicats sont plus focalisés sur le maintien d'un fonctionnement ringard avec querelles de chapelles et sont totalement coupés des urgences que tu détailles ici.

    Nous en sommes à accepter que des illégitimes coiffés de "l'aura" d'officines tout aussi illégitimes (Terra Nova et autres entre soi) décident de couler l'ESR au profit d'une sélection darwiniste telle que tu l'as décrite. Les mêmes qui ont leur "micro de serviette" permanent dans les médias. Quant à nous, nous restons spectateurs de notre propre vie professionnelle subissant sans réagir.

    Se pose aussi la question du "non retour sur investissement" qui caractérise le Crédit Impôts Recherche, vrai paradis qui n'est pas, contrairement aux universités, évalué ( https://www.franceinter.fr/emissions/l-enquete-de-secrets-d-info/l-enquete-de-secrets-d-info-28-avril-2017 ).

    Merci d'avoir lancé ce débat, espérons qu'il sera suivi d'effets auprès des collègues notamment les jeunes auxquels je souhaite bon courage pour ce qui les attend...

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  2. Il ne s'agit même plus de financement. Depuis des années, on a empilé des financements dits d'équipement et les grands appareils sont arrivés qui devaient-doivent- rendre les établissements performants. Dans toutes les universités on a vu arriver des machines dont certaines ne passaient même pas les portes .

    Mais au delà de cette foison de matériel, en parallèle, on a précarisé tout le système. Ce sont des emplois précaires, contractuels qui entretiennent et font tourner ces machines.
    Les enseignants chercheurs sont débordés par du travail administratif, scientifique pour répondre à des appels d'offres tellement complexes que c'est un travail à plein temps d'y répondre. Et maintenant, il faut faire des consortium, trouver des potes en Europe ou ailleurs parce que des technos nous expliquent qu'il faut collaborer. Merci, on y avait pensé avant. vu de Bruxelles, avec une gomme et un crayon, tout baigne. C'est quand on passe à la faisabilité, le pied a du mal à entrer dans la chaussure.

    Donc le fric envoyé à coup de boulettes ne suffit pas pour résoudre un vrai problème identitaire de l'université.

    Coincée entre des filières payantes et sélectives et un second degré qui déverse tous les ans des bacheliers sans se préoccuper de leur orientation en amont, l'université n'a plus d'identité.

    Elle est régulièrement, méthodiquement, dépossédée de son objet majeur: la diplomation. Maintenant, de façon officielle, on peut se passer des universités pour délivrer tout diplôme.

    Et en embuscade, dans la tête des "élites" - à redéfinir d'ailleurs- qui pensent à notre place, et pour donner le prestige nominatif à un corporatisme de mauvais aloi, mais puissant, le remplacement des enseignants chercheurs par d'autres, moins chers.

    La boucle est bouclée

    On pense à notre place, comme nos mères qui nous disaient "c'est pour ton bien"!

    sauf que là c'est pour notre mal

    Collègues universitaires réveillez vous.

    demain, il sera trop tard, on vous aura endormis à coup de milliards pour mieux vous virer.

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